Il s'agit d'un blog qui s'intéresse au devenir du continent Africain. D'où la prospective avant la proposition.
27 Janvier 2013
Cela dit, à ce stade, l'histoire d'Armstrong devient plus gênante. Car enfin, les rédacteurs en chef essayaient d'anticiper et de satisfaire les appétits de leurs lecteurs. Dans le contrat journalistique avec le lecteur, le premier domino n'est autre que la demande crédule de citations insignifiantes et d'interviews insipides.
Les vrais perdants sont les coureurs honnêtes
Laissons de côté la tricherie. De fait, laissons le sport de côté. Le même type de contrat se retrouve dans d'autres sphères plus sérieuses. Il est paradoxal que les éclairages des "initiés" soient plus appréciés que jamais. Pourtant, il évident que ces initiés ont du mal à écrire des articles qui pourraient les amener à s'exclure du système de clientélisme et de fuites qui huile les rouages du journalisme quotidien. Les sportifs qui divulguent des informations aux médias ont meilleure presse qu'ils ne le méritent. C'est là l'une des leçons les plus déprimantes que j'ai apprises en tant que sportif professionnel.
Les aveux d'Armstrong [sur l'émission de la présentatrice vedette américaine Oprah Winfrey le 18 janvier] ne sont que la dernière en date et la plus retentissante des confessions de complaisance. Tyler Hamilton, l'ex-coéquipier d'Armstrong et ancien dopé, a remporté l'année dernière le prix du William Hill Sports Book pour son autobiographie écrite par un nègre. Un livre profondément séduisant, qui a valu à Hamilton toute une série de sympathiques interviews lors de sa tournée de promotion. On ne pouvait plus ouvrir un journal sans lire une citation de Hamilton : "Lance devrait dire la vérité", "la vérité va vraiment te libérer d'un poids", "je me sens vraiment soulagé". Du temps de la splendeur d'Armstrong, le meilleur moyen de vendre des journaux, c'était d'encenser Lance Armstrong ; aujourd'hui, c'est de le traîner dans la boue.
Il y a là une étrange symétrie. Nous pourrions parler de réputation surdimensionnée. Quand les actions d'un héros sont au plus haut, le marché récompense une cote galopante. Quand ces mêmes actions s'effondrent, ceux qui spéculent à la baisse deviennent les rois.
Dans ce jeu, les vrais perdants sont les coureurs honnêtes, ainsi que les journalistes qui écrivent à contre-courant, ceux qui ont dénoncé le dopage avant les autres. Il y a un marché pour la vérité, mais il est très incertain. La grandeur et la décadence de Lance Armstrong devraient tous nous faire réfléchir.