Pôle emploi ne serait-il qu'un mirage ? Les infiltrés (1), en filmant en caméras cachées une agence, dépeignent une institution inefficiente à sa base. Ses conseillers, "débordés" par la multiplicité des tâches, accablés par la rigidité de l'organisation, dépassés par des "objectifs inatteignables", n'assurent plus leur mission d'accompagnement. En clair, ils ne remplissent plus leur première mission.
Mais, pire encore, d'aucuns veulent afficher de bons résultats en s'accommodant du règlement. Ainsi, un agent qui doit suivre 160 chômeurs par mois reconnaît qu'il complète la plupart de ses dossiers sans prise de contact ! La pratique serait courante.... On apprend aussi que de nombreux demandeurs ne sont pas "affectés", c'est-à-dire qu'aucun agent ne les suit, car ils sont "incasables". La liste de ces blacklistés est mise à jour tous les trois mois... La série de dysfonctionnements rend l'ambiance électrique. "On subit des agressions, on a pris des extincteurs dans la tronche", raconte un agent. Détresse contre détresse.
Quatre ans après sa création, née de la fusion entre l'ANPE et les Assedic, Pôle emploi prend l'eau. Mais comment éviter le naufrage alors que le chômage explose (10 % de plus en 2012) ? Le gouvernement a promis, en juillet dernier, un assouplissement de l'organisation et 2 000 embauches. À terme, un redéploiement des effectifs paraît inévitable - sur 48 000 salariés, seuls 9 000 sont agents d'accompagnement. Ces derniers sont deux fois plus nombreux en Allemagne et en Grande-Bretagne.
