22 Août 2009
Comme le ferait un médecin, avant de prescrire une ordonnance, il est utile tout d’abord de poser le diagnostique du mal.
Suivant cette démarche, il est nécessaire de savoir ce qui est à la base de la plus grande crise économico financière que le monde ait connu depuis la dépression de 1929. Il nous faut donc identifier les causes du problème de la crise financière avant d’édicter des règles de fonctionnement du système financier mondial pour l’avenir.
Il y a une unanimité pour reconnaître que c’est le manque de régulation des marchés qui se trouve à la base de la crise des subprimes qui a entrainé, par effet boule de neige, la finance internationale dans le cataclysme économique que nous connaissons.
Il y ceux qui pensaient qu’il fallait s’occuper des racines du mal en mettant en place une plus grande règlementation des marchés et une « moralisation » du capitalisme financier comme Madame Angela Merkel et Monsieur Nicolas Sarkozy. A l’opposé, Messieurs Barak Obama et Gordon Brown voulaient une relance de l’économie mondiale pour faire repartir la croissance de plus belle.
Le problème était de savoir comment concilier des impératifs divers comme la relance de la croissance, la régulation financière, le renforcement des institutions de Breton Woods (FMI, BM), le rejet du protectionnisme et la promotion des préoccupations environnementales. Cela faisait notamment partie des préoccupations de l’U.E.
Après d’âpres discussions, il y eu une synthèse des deux positions pour préconiser en même temps une nouvelle règlementation et une relance de l’économie.
Au sortir du sommet le jeudi 2 avril 2009, tout le monde semblait satisfait : les Etats Unis d’Amérique, l’Union Européenne, la Chine, l’Inde, l’Amérique Latine et l’Afrique, sans oublier L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et le Fond Monétaire International (FMI). Les préoccupations des uns et des autres ont été prises en compte à savoir :
Quelles retombées pour les pays africains après le sommet du G20 ?
Pour la première fois ces pays ont eu l’opportunité de défendre directement leur cause sans avoir besoin d’un avocat.
L’Afrique était bien représentée par le Président de l’U.A, Monsieur Jean Ping, le Président du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique), le Président de l’Afrique du sud, Monsieur Ngalema Mothlante.
Sa principale préoccupation a été retenue concernant le surplus de liquidité venant du FMI.
La question reste de savoir sur quels critères vont être alloué les nouvelles disponibilités et à quelles conditions ?
Nous notons aussi qu’après près de cinq décennies de coopération Nord-Sud l’esquisse de développement n’est toujours pas au rendez vous.
Les pays de l’OCDE à l’exception des pays d’Europe du nord n’ont pas tenu leur engagement des années soixante préconisant de consacrer 0,7% de leur PIB (Produit Intérieur Brut) à l’aide au développement.
A mi-parcours, les objectifs du millénaire pour le développement risquent de ne pas être atteints car les moyens n’ont pas été mis.
Comme le dit si bien l’adage populaire, « il ne faut jamais mettre tous ses œufs dans le même panier ». D’où la nécessité pour les pays africains de faire jouer la concurrence dans leur coopération avec le reste du monde et diversifier celle-ci notamment avec la Chine.
Il faut renforcer la coopération Sud-Sud surtout avec les pays émergeants.
L’aide au développement n’a jamais bâti à elle seule un pays. Les pays africains doivent d’abord compter sur leur potentialités propres et les mettre en valeur avant d’attendre une hypothétique aide qui dans tous les cas de figure ne doit constituer qu’un appoint.
Lorsque les règles de fonctionnement du commerce mondial seront rééquilibrées et qu’auront disparu les distorsions et les subventions aux agriculteurs du nord ainsi qu’à des secteurs entiers de l’économie comme la sidérurgie ou le textile, les pays africains pourront s’exprimer avec leurs moyens propres et l’aide publique ira en s’amenuisant.
Vient-on d’assister à l’émergence d’un nouvel ordre économique mondial, a un compromis historique, au plus grand plan de relance coordonnée jamais vu ?
Comme vous le constatez les superlatifs ne manquent pas, mais attendons de voir car seul l’avenir pourra nous édifier sur la prise de conscience réelle des uns et des autres.
Aboubacar Fofana
Economiste
Président du Club DLG.
Paris, Avril 2009.