Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Aboubacar Fofana

Il s'agit d'un blog qui s'intéresse au devenir du continent Africain. D'où la prospective avant la proposition.

Prévention et résolution des conflits en Afrique: le cas Guinéen!

                                          "Mieux vaut prévenir que guérir"


Nous venons de vivre la disparition du deuxième Président de la République de Guinée ce mardi 21 décembre 2008. Il était en place depuis le 3 avril 1984, une semaine après la mort de Ahmed Sékou Touré suite à un coup d’Etat sans effusion de sang.

 

Il consentit à l’instauration d’un multipartisme intégral en 1990, dans la foulée de la chute du mur de Berlin.

Une nouvelle constitution appelée Loi Fondamentale fût adoptée avec une limitation du nombre de mandats présidentiels à deux.

 

Il se fit « élire » deux fois de suite et fit adopter, par une assemblée godillot, une modification de la constitution, en 2003, qui fit sauter le verrou du nombre de mandats et porta la durée de celui-ci de cinq à sept ans.

 

Monsieur Lansana Conté était malade depuis plusieurs années et n’était plus apte à diriger car ne disposant pas de toutes ses facultés.

 

Malgré une disposition de la Loi Fondamentale qui stipule en son article 34 la possibilité pour le Président de la Cour Suprême, sur saisine du Président de l’Assemblée nationale de prononcer la vacance du pouvoir cela ne fût pas fait.

 

La vie politique interne est restée ainsi bloquée, depuis des années, par la seule volonté des clans gravitants autour du chef de l’Etat et dont les intérêts sont diamétralement opposés à ceux du reste des citoyens.

 

L’article précédemment cité prévoit aussi la suppléance, par le Président de l’Assemblée, de la présidence de la République en cas de vacance du pouvoir pour une période de soixante jours avec obligation d’organiser des élections présidentielles.

 

Quelques heures après l’annonce officielle du décès , un groupe de militaires prend l’initiative d’un coup d’Etat qui en suspendant toutes les institutions républicaines empêche l’article 34 d’entrer en action.

 

Ce putsch a ouvert un débat qui est loin d’être refermé entre les pour et les contre en ce qui concerne la prise de pouvoir, une fois de plus par l’Armée.

 

Par principe, nous sommes contre toute prise de pouvoir par la force des armes.

 

Nous ne méconnaissons pas le fait que l’Armée soit une partie intégrante du peuple et que ce dernier, en cas d’oppression, ait le droit de résister par tous moyens qu’il juge utiles, tel que stipulé dans la loi fondamentale en son article  19 alinéa 4.

 

La préoccupation qui nous emmène aujourd’hui à la réflexion qui suit est de savoir pourquoi, très souvent, en Afrique les institutions ne fonctionnent pas comme prévu ?

 

Comme nous l’avions dit dans un précédent article, tous les problèmes des Etats Africains ne sont que la résultante de l’inobservation des règles de droit qui nous gouvernent.

 

Le coup d’Etat a soulevé une vague d’indignation que ce soit en Guinée même ou au sein de la diaspora sans oublier les institutions internationales comme l’Union Africaine (U.A.), la Communauté Européenne (C.E.E), l’Organisation des Nation Unies (O.N.U), le gouvernement des Etats Unis, du Canada, etc.

 

Pourquoi ? par ce que en ce qui concerne l’U.A. par exemple, l‘un de ses articles fondateurs interdit tout changement de pouvoir en dehors des voies constitutionnelles.

 

L’on se demande où étaient toutes ces organisations au moment où Monsieur Lansana Conté et ses gouvernements successifs violaient allègrement les règles constitutionnelles qu’il avait lui-même suscitées, soutenues et fait mettre en place?

 

Ne devrait-on pas se préoccuper, au niveau des institutions comme l’U.A. de prévention au lieu de penser uniquement à jouer les pompiers dans la résolution des conflits une fois qu’ils surviennent ?

 

Dans l’exemple guinéen actuel comme dans le précédent avec la crise de janvier-février 2007 ayant pour point d’orgue le massacre de jeunes gens qui ne réclamaient que leurs droits les plus élémentaires, les instances internationales se sont fendues de déclarations polies et la médiation africaine n’a pas mis en place un comité de suivi des accords tripartites, une fois la paix revenue.

 

Il nous semble important que le temps soit venu de réfléchir aux causes ( le non respect de la constitution ) plutôt qu’aux conséquences ( les coups d’Etat par exemple) du blocage des institutions.


L’on arrive souvent à ce genre de situations quand les citoyens n’ont plus confiance dans les institutions ainsi que dans les hommes qui les dirigent. Quand ils pensent qu’ils n’arriveront jamais par la voix des urnes à faire une alternance politique à la tête de l’Etat. Quand le Président en place change les règles du jeu démocratique (en modifiant le nombre de mandats autorisés par exemple) pour pouvoir briguer un nouveau mandat. Cela constitue un coup d’Etat constitutionnel, une violence faite à l’intelligence du peuple.

 

Ce qui précède doit constituer une alerte suffisante, un signe prémonitoire pour que la communauté internationale perçoive le feu qui couve sous la cendre.

C’est ainsi qu’on prépare le lit aux coups d’Etat. Après, il est trop tard pour agir et l’on ne fera que réagir.

 

Le comble du paradoxe, c’est que le coup d’Etat devient salvateur de la vie de toute une nation.

 

Ce que nous trouvons gênant dans ce coup d’Etat militaire intervenu en Guinée, c’est que c’est le même corps qui a tiré sur les jeunes d’abord en 2006, ensuite en 2007 pour défendre le régime Conté. Même si ce n’est qu’une frange de celui-ci ou des « mercenaires ».

 

Dans leurs dernières mutineries, on avait pas senti des préoccupations d’ordre social concernant l’ensemble de la population mais plutôt des revendications catégorielles qui ne concernaient qu’eux-mêmes.

 

Les populations guinéennes attendent donc que l’armée redore son blason en commençant par présenter des excuses aux familles éplorées et en poursuivant les commanditaires. Ensuite en tenant les promesses qu’elle tient en ce moment en démentant l’adage qui veut que « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».


L’on se souvient aussi des déclarations du CMRN (Comité Militaire de Redressement National) en 1984. Il Parait que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » !

 

Vous constaterez que le contentieux reste lourd entre le peuple et son armée et la confiance sera difficile à rétablir.

L’euphorie risque de retomber si des mesures de salubrité publique ne sont pas rapidement prises.

 

A l’image de Messieurs Amadou Toumani Touré du Mali, de Jerry Rawlings du ghana, de Ould Val de mauritanie, nous souhaitons ardemment que Monsieur Moussa Dadis Camara puisse lever tous les doutes qui se font jour et démentir tous les sceptiques en réduisant tout d’abord, la période de transition de deux à un an. Ensuite en mettant en place , en concertation avec toutes les forces vives et les politiques, une commission chargée de réfléchir aux améliorations a apporter à la loi fondamentale (limitation du nombre de mandats présidentiels, la durée de ce mandat, et surtout l’impossibilité pour quiconque de modifier ultérieurement ces dispositions, possibilité de coupler les élections législatives et présidentielles, etc.).

 

La vigilance reste de mise pour ne pas que nous rations ce troisième rendez vous avec l’histoire (1958-1984-2008).

 

En attendant sa constitution on se demande quel gouvernement il y aura : un gouvernement de consensus national ou juste le CNDD aux commandes des affaires ?



Aboubacar Fofana
Economiste
Président du Club DLG.


Paris le 28 décembre 2008. 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article