«Il y a déjà des forces qui sont arrivées à Bamako, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à l'Assemblée nationale. Un certain nombre de forces ont déjà commencé à monter vers des villes intermédiaires (dans le centre du pays). Donc la Misma s'installe beaucoup plus vite que prévu».
Ce renfort s'avère plus que nécessaire à l'heure où les troupes françaises s'attaquent au Nord-Mali, région très stratégique que les jihadistes contrôlent depuis le mois de juin. «La France va poursuivre son engagement mais n'a pas vocation à rester au Nord-Mali, a prévenu mercredi le Premier ministre Jean-Marc Ayrault devant l'Assemblée nationale à Paris. Le déploiement de nos troupes se fait dans de bonnes conditons auprès des forces maliennes, en attendant la mise en place de la force multinationale africaine».
VIDEO. Ayrault : «La France n'a pas vocation à rester au Nord-Mali»
Un déploiement au compte-goutte
Pour l'instant, seuls 1000 hommes, issus de différents pays d'Afrique de l'Ouest (Niger, Nigeria, Togo, Bénin), ont été envoyés, sur environ 4000 attendus. Une arrivée au compte-goutte dont la lenteur agace en coulisses. «Cela faisait des mois que les états-majors se préparaient à une opération au Mali», a critiqué une source sécuritaire française dans la région. La mise en place de son déploiement total, très coûteux, doit être discuté mardi 29 janvier à Addis Abeba, la capitale somalienne, lors d'un sommet de la Cédéao (la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest), qui bute encore sur les questions financières.
Infographie : le renfort militaire africain en chiffres
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Inforgraphie : le point sur la situation
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Soutien logistique de Washington
La France peut compter également sur une aide des Etats-Unis, qui ont commencé mardi à apporter à l'armée française une aide logistique en lui envoyant des avions affectés au transport d'équipements militaires. La future ex-secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a d'ailleurs profité d'une audition au Sénat, à Washington, ce mercredi, pour réitérer son soutien à la lutte contre les groupes terroristes présents au Mali, en particulier Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
Elle n'a pas hésité à comparer l'engagement français à la guerre contre les Talibans en Afghanistan. «Quand on regarde la taille du nord du Mali, quand on regarde la topographie, c'est non seulement un désert, mais aussi des grottes, ça vous rappelle peut-être quelque chose, a-t-elle expliqué. Nous ne pouvons laisser le nord du Mali se transformer en refuge».
Exactions de l'armée malienne
Mais l'armée française commence à être de plus en plus embarrassée par les accusations qui pèsent sur les troupes maliennes. Mercredi, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), a dénoncé les exactions que les soldats auraient commis dans le centre du pays, particulièrement contre «les communautés arabe et touareg, très largement majoritaires au sein des groupes islamistes armés».
«Au moins 11 personnes ont été exécutées à Sévaré (650 km au nord-est de Bamako), dans le camp militaire de l'armée malienne, à proximité de la gare routière et près de l'hôpital», a détaillé l'ONG, qui réclame l'ouverture d'une enquête d'urgence.
VIDEO. Des soldats maliens accusés d'exécutions sommaires
Le ministre de la Défense français a immédiatement réagi mercredi en appelant les dirigeants de l'armée malienne à être «extrêment vigilants», en soulignant que leur «honneur est en cause». De son côté, Laurent Fabius a déclaré qu'il n'était pas possible d' «accepter des violations des droits humains». Le quai d'Orsay a en outre tenu à prévenir tout soupçon d'exaction de la part des soldats français en assurant que des consignes d' «intervention et de sensibilisation» leur ont été données et qu'à ce jour «aucun indice» ne pouvait laisser penser que de tels agissements avaient eu lieu.
Le soldat à la tête de mort identifié
Sans parler d'exaction, l'attitude d'un soldat français a néanmoins déjà été sévèrement critiquée depuis le début de l'intervention : celle d'un combattant portant un foulard à la tête de mort, dont la photographie a fait polémique en début de semaine. «Le soldat a été identifié, il y a une étude de sanction en cours», a annoncé mercredi le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major. En découvrant le cliché, ce dernier avait jugé ce «comportement» «pas acceptable», estimant que «cette image n'est pas représentative de l'action que conduit la France au Mali à la demande de l'Etat malien».