Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Aboubacar Fofana

Il s'agit d'un blog qui s'intéresse au devenir du continent Africain. D'où la prospective avant la proposition.

9 août 2007, début d'une crise mondiale toujours pas résolue!

ECONOMIE ET POLITIQUE

9 août 2007, début d'une crise mondiale toujours pas résolue
  

Le 9 août 2007, les grandes banques centrales entrent en scène pour éviter une paralysie totale du marché interbancaire international. La raison : la suspicion sur la solidité des banques engluées dans la crise des « subprimes » américains. La crise, née ce jour-là officiellement, est toujours là.

9 août 2007, début d\'une crise mondiale toujours pas résolue

Chacun se souvient du 11 septembre 2001 avec les attaques terroristes du World Trade Center en mondiovision. Peu se souviennent du 9 août 2007. Et pourtant, les deux dates ont bien une portée universelle. La première marque l'avènement d'un monde plus dangereux, d'un monde occidental attaqué sur ses valeurs... La seconde, elle, marque probablement la fin d'un monde dominé par un capitalisme financier triomphant s'auto-régulant lui-même comme certains économistes anglo-saxon ont pu le croire. D'autres, comme Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, évoquent « le triomphe de la cupidité » (1) quand Kenneth Rogoff, professeur d'économie à Harvard et ex économiste en chef du Fonds Monétaire International (FMI) retrace huit siècles de folies financières pour déclarer que « Cette fois, c'est différent » (2). En tous les cas, le jeudi 9 août 2007 restera dans la mémoire des financiers comme la journée où les grandes banques centrales internationales sont entrées dans la danse pour calmer l'inquiétude des marchés face à ce qui allait devenir la crise des « subprime ».

Tout est parti de l'annonce, dans la matinée, par BNP Paribas, de la suspension de la valorisation de trois de ses fonds investis partiellement dans des titres adossés à des crédits immobiliers américains douteux (« les subprimes »). Il n'en a pas fallu plus pour jeter la suspicion quant à l'état de santé réelle des banques. Les craintes sur la solidité des établissements bancaires et financiers ont eu pour conséquence une menace de blocage total du marché monétaire, les banques hésitant à se prêter des fonds entre elles. C'est la raison pour laquelle le président de la Banque Centrale Européenne (BCE), Jean Claude Trichet, alors en vacances, va prendre le problème à bras le corps. Devant les tensions observées des taux interbancaires, il décide d'ouvrir les vannes. La BCE va répondre à toutes les demandes d'emprunt des banques pour un montant record de 94,8 milliards d'euros. Soit bien plus que les montants accordés au lendemain des attentats du World Trade Center. La Banque d'Angleterre et la Banque Nationale Suisse interviendront à leur tour en ce sens. Le lendemain, la Banque du Japon, la banque centrale coréenne et la Réserve fédérale américaine entreront aussi dans la danse. A la veille du week end, en deux jours, environ 330 milliards de dollars de liquidités auront été fourni au système bancaire international. La plus grave crise que le monde a connue depuis la Grande Dépression des années 30 avait débuté.

Son épicentre : les Etats-Unis où l'irresponsabilité des banques sera montrée du doigt dans les mois qui suivront. Avec en point d'orgue la faillite, en septembre 2008, d'un des plus grands établissements de Wall Street, Lehman Brothers. Le Trésor américain refusera de lui venir en aide. Une erreur fondamentale pour les Européens puisqu'elle conduira à relancer la crise au niveau international. Menacé d'effondrement, le système bancaire parviendra à se redresser grâce à l'aide des Etats (prise de contrôle, renflouement...), des banques centrales et des organisations multilatérales comme le Fonds Monétaire International. La mobilisation mondiale, à l'instar des sommets des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 -le premier sera convoqué en décembre 2008 à Washington -parviendra à éviter l'effondrement total. La leçon de l'entre deux guerre a visiblement servi. Relance budgétaire, avec la bénédiction du FMI sous la houlette de Dominique Strauss-Kahn, et politique monétaire accommodante vont éviter le pire à l'économie mondiale. La crise des « subprime » qui a tant coûté à la communauté et aux contribuables va laisser la place à une crise des dettes souveraines dès 2010. L'Europe est la première frappée. Les programmes de dépenses publiques destinés à éviter la pire récession mondiale qu'aurait pu générer la crise des « subprime » ont fragilisé un peu plus les grands pays industrialisés. La relance keynésienne a un coût. Les grandes puissances rassemblées au sein du G7 voient la base de leur développement économique se lézarder. Les questions fusent. Assiste-t-on à la fin du monde occidental avec la toute-puissance des Etats-Unis ? La Chine va-t-elle les détrôner ? Le monde capitaliste tel qu'il s'est développé depuis la dérégulation financière des années 1980 a-t-il vécu ? Cinq ans après, nul ne le sait.

(1)Joseph Stiglitz, 2010, Le triomphe de la cupidité, Les liens qui libèrent

(2)Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart, 2009, This Time is Different: Eight Centuries of Financial Folly. Princeton University Press. Traduction française par Michel le Séac'h : Cette fois, c'est différent. Huit siècles de folie financière, 2010, Pearson

RICHARD HIAULT
Écrit par Richard HIAULT
Chef de service.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article