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Le blog de Aboubacar Fofana

Il s'agit d'un blog qui s'intéresse au devenir du continent Africain. D'où la prospective avant la proposition.

Des raisons d'espérance en provenance du Niger!

 

Une fois de plus nous avons l'occasion de souligner la vitalité de la vie démocratique sur le continent. En effet après le Ghana en 2008, la République d’Afrique du sud en avril 2009, c’est au tour du Niger de nous montrer qu’il ne faut jamais désespérer de l’homme en général et de l’Africain en particulier. Comme les autres, il est capable de se surpasser.


Le Niger est l'un des pionniers du processus démocratique en Afrique après l'effondrement du mur de Berlin en1989.

C'est  aussi l'un des pays ayant connu une alternance démocratique et apaisée à l'exception de l'intermède du coup d'État de Monsieur Baré Mainassara et l’assassinat de ce dernier suite à un autre coup d’Etat perpétré cette fois-ci par Monsieur Malam Wanké.

Monsieur Mamadou Tandja est arrivé au pouvoir après des élections transparentes et le vote d’une nouvelle constitution, celle de la cinquième République en 1999.  Cette année il terminera son deuxième et dernier mandat de cinq ans tel que prévu par la constitution.


Rappelons au passage que celle-ci  ne  prévoit pas de possibilité de modification par voie parlementaire en ce qui concerne le nombre de mandats par un président en exercice.


Depuis un moment se sont constitués des comités de soutien pour prolonger le mandat du président sortant et lui donner ainsi la possibilité de « terminer l’œuvre commencée ».


Une fronde, des députés dont quelques uns du Mnsd Nasara (le parti de Monsieur Tandja), a vu le jour pour le strict respect de la constitution et contre toute retouche du texte fondamental, car avec cette possibilité de modification, la voie était ouverte à une « présidence à vie ».


Vingt trois députés toute tendance confondue ont donc déposé un recours devant la Cour Constitutionnelle contre la volonté exprimée du Président de faire adopter par référendum la modification de huit (8) articles de la constitution dont notamment la durée du mandat présidentiel. Il s’agit d’un cinquième (1/5) des parlementaires.


La cour a dit le droit et rien que le droit en affirmant, ce 26 mai 2009, que le Président sortant ne pouvait faire modifier même par voie référendaire la constitution sans se parjurer car il a prêté serment sur le coran de respecter toutes les prérogatives contenues dans ce texte.


Malgré cette décision Monsieur Tandja a décidé, en représailles, de dissoudre l’assemblée « frondeuse », comme le lui permet la constitution. C’est là une fuite en avant qui ne préjuge pas de conséquences imprévisibles qui pourrait plonger le Niger dans une zone d’instabilité, après dix ans d’accalmie et de vie politique apaisée. Ce pays était devenu un modèle dans ce domaine en Afrique.


Les leçons que nous pouvons tirer de cette situation, c’est que la démocratie est un combat de tous les jours.

Pour la bonne gouvernance de nos Etats, Il faut appliquer les textes quelque soit la situation et avec toute la rigueur nécessaire.


Pour donner de l’espoir et faire croire en la possibilité d’une vie démocratique dans nos pays, il faut faire vivre les textes et leur donner une application de tous les instants. Pour ce faire, il faut des institutions indépendantes, dans l’objectif de bâtir un Etat de droit basé sur une séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire).

La cour constitutionnelle Nigérienne sort grandie de cette épreuve et redonne de la fierté à tous les « Afro-optimistes » parmi lesquels nous pensons faire partie.


Les conflits doivent se régler par les voies pacifiques
telles que prévues par la constitution. C’est la garantie contre les modes d’accès non constitutionnels au pouvoir comme les coups d’Etat ou les insurrections populaires.

Comme nous l’avions déjà soulevé dans un précédent article, l’Union Africaine se doit de ne pas rester inactive face au recul politique que constitue cette volonté de Mamadou Tandja d’organiser coûte que coûte un référendum pour rester au pouvoir.


L’UA, à l’instar de la communauté internationale, doit pouvoir anticiper les drames avant qu’ils ne se produisent. L’UA doit faire de la prévention avant qu’il ne soit tard, et venir jouer au pompier. 


En ce qui concerne la Guinée, les futurs membres du Conseil National de Transition (CNT), organe législatif et constituant provisoire, devraient faire en sorte de doter le pays d’institutions fortes (cour suprême, Cour des comptes, conseil économique et social, etc..) et indépendantes en vue de l’établissement définitif d’un Etat de droit avec une constitution délimitant les prérogatives des uns et des autres et une séparation des pouvoirs qui en constitue le fondement. Surtout nul ne devrait avoir la possibilité de tripatouiller le texte fondamental à son bénéfice.


C’est ainsi que nous entrerons dans la modernité politique et ainsi la Guinée pourra intégrer le concert des nations respectables. Je souhaite à la Guinée de connaître les délices du débat contradictoire et « civilisé » qui fait avancer les choses et où force reste au droit et partant à la loi.


Dans la vie politique des nations, il peut y avoir des Hommes d’Etat, mais il n’ya pas et il n’y aura jamais de messie. Il faut savoir passer la main et dans les délais prévus.


Malgré le bon bilan général de gouvernance que l’on pourrait avoir à son actif, aucun homme à lui seul ne peut tout faire dans le processus de développement d’une nation. Dix ans sont largement suffisants pour des réalisations à faire et ce que Monsieur Tandja a réalisé au Niger, une autre personne pourrait en faire autant sinon plus.


La démocratie, c’est aussi et surtout l’alternance au pouvoir.

 

 


Aboubacar Fofana
Economiste

Président du Club DLG.

 

Paris, Mai 2009.
 




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